Modeste petit rû long de 7 kms, je suis né d’une dérivation de la Vanne, en 1358, à MASLAI-LE-VICOMTE (aujourd’hui Mâlay-le-Grand), sur ordre du Régent Charles, futur roi Charles V. D’après certains écrits, je coulais déjà au 13e siècle, au Nord de la Ville de Sens, cela sans certitude.
Je musarde entre les prairies et les petits bois de Mâlay, puis de Maillot, avant d’arroser prés et courtils de Sens, et de méandres en méandres, je viens grossir l’Yonne où je me jette, au bas du Cours Tarbé.
Au Gué St Jean, je fus divisé en deux bras, afin d’alimenter les fossés destinés à la défense de la ville contre les invasions des Anglais. Appelé aussi Ruissel de Merderel ou Merdereau au début de mon existence, je fus précieux à plusieurs titres :
Irrigation des cultures
Nettoyage des rues, trottoirs et caniveaux
Protection contre les incendies, d’autant plus dangereux que les constructions étaient en bois.
alimentation des usines
En 1531, l’eau fût amenée dans l’intérieur de la ville au moyen d’auges en bois qui ne durèrent pas et furent remplacées par un Canal en pierre en 1556.
Je fus le témoin de deux épidémies épouvantables de peste, en 1586 et 1627. Le Maire, les Echevins et le Procureur de la ville décidèrent de faire courir mon eau en abondance, dans les rues, toute une nuit, afin d’assainir.
L’étymologie de mon nom : MUNDA AQUA signifie une eau pure et limpide, ce qui permit aux habitants de peupler mon cours de poissons et de profiter du droit de pêche accordé par notre bon Roi, en remerciement de leur participation aux travaux. Le droit de pêche représentait un réel avantage, à cette époque.
Mon débit soutenu fournissait l’énergie nécessaire au fonctionnement de nombreuses usines :
Moulins à blé
Tanneries
Blanchisseries
Fabriques d’outils, de vélocipèdes, de limonade
La dernière entreprise utilisant cette force, la coutellerie Rameau, ferma ses portes en 1981. De nombreux lavoirs privés bordaient mes rives et plusieurs lavoirs publics étaient ouverts aux habitants, ainsi que des abreuvoirs où le bétail venait se désaltérer.
Très souvent, de rive droite en rive gauche, je me faufilais, par d’étroites canalisations, pour remplir les petits bassins d’agrément ou d’arrosage des propriétés et jardins riverains. Je nourrissais même une cressonnière de 25m de long, près des Moulins St Louis.
L’usage de mon cours était réglementé par des arrêtés municipaux afin de satisfaire riverains et usiniers, un certain niveau d’eau devant être respecté pour produire la force motrice nécessaire au bon fonctionnement des usines.
J’ai toujours connu le CHOMAGE c’est-à-dire une baisse importante de mon niveau, ceci chaque année, pendant 10 jours, permettant le curage et les éventuelles réparations.
Cette manœuvre était effectuée depuis la bonde de Mâlay-le-Grand. Autrefois, la remise en eau se faisait avec une certaine solennité : C’était l’occasion d’un banquet, dont les excellentes truites de la Vanne faisaient les honneurs. Ce chômage est toujours en vigueur et les riverains ont toujours le devoir de nettoyer, puisqu’ils sont propriétaires de la moitié.
Petit rû, coulant toujours allégrement , je fus une ressource utile et précieuse, ayant contribué à la prospérité de la Ville de Sens. Même si je n’ai plus de fonction économique aujourd’hui, je suis toujours apprécié des riverains, arrosant et embellissant leurs jardins.
Le présent document a été réalisé par F. et M. Riché, à partir des archives consultées à la Sté Archéologique de Sens et au Service des Espaces Verts de la ville de Sens, que nous remercions vivement.
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